L'écho des pendus by Patrick Hamel

Auteur:Patrick Hamel [Hamel, Patrick]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles
ISBN: 9782981850706
Éditeur: Arrimages Distribution
Publié: 2020-04-21T04:00:00+00:00

VIII

Les paroles menaçantes de l’inconnu parurent flotter dans les airs longtemps après les avoir prononcées. Jane frissonna de tout son être. Cette voix lui faisait l’effet d’un glaçon glissé dans son t-shirt. Malgré tout, elle essaya de répliquer, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge; elle venait d’apercevoir les caméras dissimulées à côté des cinq écrans suspendus. Excédée, elle lança le téléphone sur le mur. Puis, d’un pas nerveux, elle reprit ses recherches de la faille que pouvait receler le mur capitonné. La doucereuse voix choisit ce moment précis pour reprendre le dialogue qu’elle avait interrompu plus tôt. Merde ! pensa Jane, le téléphone est sur haut-parleur ! Elle le reprit et le serra entre ses doigts.

— Alors, heureuse de ta petite inspection ?

— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? questionna-t-elle d’un ton hystérique.

— Silence ! tonna la voix dans l’appareil, toute douceur envolée. Plus profonde à présent, elle semblait chargée du grondement rauque et pâteux d’un animal monstrueux.

La pauvre femme décida d’obéir, se jurant qu’elle le lui ferait bien payer d’une façon ou d’une autre. Objectif numéro un : garder son calme, et deux : trouver comment sortir de ce merdier.

— Reprenons où nous en étions avant que tu lances le téléphone. Heureusement pour moi, je contrôle l’appareil que je t’ai donné ! Et à propos de me raccrocher au nez… ton père aurait dû te montrer les bonnes manières au lieu de se balancer au bout d’une corde.

— Je vous interdis de parler de mon père, salaud !

Les mots avaient fusé.

— Tu préfères peut-être que je te parle de ta demi-sœur qui ignorait comment se servir d’un simple pneu accroché à un arbre ? La pauvre petite… s’enrouler la corde autour du cou à l’aube de sa vie…

— Vous êtes une véritable ordure ! dit Jane en beuglant, ne comprenant pas à quel jeu jouait son ennemi.

— Cesse de m’insulter, ma patience a des limites ! Ton bon voisin le fermier… comment s’appelait-il déjà ? Ah oui, Joseph ! Je disais donc que Joseph, avant d’avoir son malheureux accident, ne t’a jamais dit qu’un peu d’ironie était bon pour la circulation sanguine ? Alors, remercie-moi ! Je tiens à ce que ton cœur draine tout ton sang jusqu’à ta petite tête de linotte. Car bientôt, tu devras prendre des décisions vraiment importantes.

— Vous savez que vous êtes fou, j’espère ?

— Encore des insultes ! Décidément, je crois que je vais avoir du plaisir à te contrôler. Et juste au cas où tu n’aurais pas remarqué, je te tutoie, alors tu peux faire de même, car bientôt nous serons inséparables. Je raccroche et je te rappelle dans une heure pour t’expliquer la suite du jeu. En passant, si tu veux un peu d’intimité, dis-toi bien que c’est foutu. Actuellement, plusieurs internautes sur le darknet assistent au moindre de tes mouvements. Et juste entre toi et moi, si je peux me permettre, ils te trouvent adorable en sous-vêtements. Bye ! Bye !

La main de Jane se resserra si fort sur le téléphone qu’elle crut qu’il allait craquer.

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